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« PICTORESQUE, UN VOYAGE LITHOGRAPHIQUE ET INTIMISTE DANS LE NAMUROIS », AU « TREM.A », À NAMUR, JUSQU’AU 29 JANVIER

« PICTORESQUE, UN VOYAGE LITHOGRAPHIQUE ET INTIMISTE DANS LE NAMUROIS », AU « TREM.A », À NAMUR, JUSQU’AU 29 JANVIER

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« PICTORESQUE, UN VOYAGE LITHOGRAPHIQUE ET INTIMISTE DANS LE NAMUROIS », AU « TREM.A », À NAMUR, JUSQU’AU 29 JANVIER

« Château de Valzin » © Coll. Buekenhoudt-De Wan © Photo : Olivier Guyaux/« RTBF »

La « Société Archéologique de Namur » présente, au « TreM.a » (« Musée provincial des Arts ancien du Namurois »), jusqu’au dimanche 29 janvier 2023une exposition qui ravira les amoureux de la Vallée mosane et les amateurs d’œuvres intimistes.

L’exposition se déroulant au 1er étageface à l’ascenseur, nous découvrons deux oeuvres du lithographe belge Jean-Louis Ghémar (1819-1873) : une reproduction géante de la « Tour du Rocher »sise dans le « Domaine Royal d’Ardenne » (1846), une lithographie deux teintes soulignant l’importance qui était donnée de présenter des personnages à l’avant plan, ici, une scène paysanne, sur la droite, un artiste peintre avec son tréteau, au centre.

« Château de Montaigle » (Jean-Louis Ghémar) ⓒ Photo : Murielle Lecocq

En haut, à gauche, dans un cadre, une vue des ruines du « Château de Montaigle » (1857), l’un de ses dessins aquarellés.

Abbaye de Floreffe

« Abbaye de Floreffe » © Photo : DR

« Pictoresque, un Voyage lithographique et intimiste dans le Namurois » trace une balade de vallées mystérieuses, avec ses châteauxet autres édifices, certains en ruines, d’autres aujourd’hui disparus, nous permettant de pénétrer l’âme romantique du premier tiers du XIXè è siècle.

Vieux Pont de Jambes, frontière entre Comté de Namur et Principauté de Liège ⓒ Ph. : M. Lecocq

Après plusieurs siècles de gravure sur bois et sur métalla lithographieinventée, en 1796, par l’artiste munichois AloysSenefelderconstitue une révolution technique,économiqueet sociologique, qui reflète les exigences de la révolution industriellesoucis de rapiditéd’exactitude et d’abaissement du coût. Notons que la lithographie fut introduite en Belgiqueen 1817, alors qu’avant 1865, quelques 950 lithographes y étaient dénombrés.

Vue du confluent de la Sambre et de la Meuse ⓒ Photo : Murielle Lecocq

Afin de mieux comprendre le procédé de création d’une lithographiedeux courts-métrages documentaires (durée total : 10’27 ») nous sont proposés par le « Musée de l’Imprimerieet de la Communication graphique », à Lyon, l’un présentant la préparation de la pierre lithographique, l’autre, l’impression d’une lithographie, une vitrine nous présentant les outils utilisés par un lithographe, ainsi qu’une pierre,avec une illustration de la « Société RoyaleMoncrabeau », fondée en 1843.

Du Vieux Pont de Jambes à la Cathédrale Saint-Aubain ⓒ Photo : Murielle Lecocq

L’importance de placer des personnages en avant plan ⓒ Photo : Murielle Lecocq

A noter que le terme anglais « picturesque » (en référence au tableau, à l’image), souvent traduit en français par pittoresque » (issu de 
l’italien « pittore », renvoyant dès lors à l’acte de peindre), apparaît en tant que catégorie esthétique, en 1792, introduit par le pasteur anglais William Gilpin (1724-1804), qui décrit le « picturesque »donc le « pittoresque » comme étant une combinaison de rupturede diversitéde contraste et d’enchevêtrement des élémentscélébrant le triomphe du romantisme, à la charnière des XVIIIè et XIXè siècles, au sein d’une société européenne en pleine mutation.

Place Saint-Aubin (esquisse) ⓒ Photo : Murielle Lecocq

Place Saint-Aubin ⓒ Photo : Murielle Lecocq

Cette notion de « pittoresque » repose sur la rupture, ladiversité, le contrasteet l’enchevêtrement des élémentsCette nouvelle sensibilité, qui se distingue du beau et du sublime, sans s’en éloigner complètement, trouve dans lerécit de voyaged’abord exotique, puis beaucoup plus localune source d’inspiration infinie.

Centre-Ville de Namur ⓒ Photo : Murielle Lecocq

Chapelle, à Namur ⓒ Photo : Murielle Lecocq

Si la lithographie permet des reproductions de vues en forts tirages et à coûts réduits par rapport à la gravure, des investissements étant, néanmoins, indispensables. Trois pratiques modernes vont permettre de développer ce marché : l’alliance de plusieurs talentsla publicité, au sens actuel du terme, et la souscription, notamment de propriétaires de domaines, qui pourraient être reproduits, mais aussi, parfois, de souverains belges et néerlandais, de princesgrands ducsbarons, …

Namur, avec deux trains en avant plan ⓒ Photo : Murielle Lecocq

Il convenait, à l’époque, de donner au lecteur l’impression d’être ce voyageur intrépidesensible aux charmes comme aux dangers de la
nature
valorisant ainsi tant sa lecture que, pour les souscripteurs leur perception de leurs biens.

Une diligence sur un rive de la Meuse ⓒ Photo : Murielle Lecocq

Château en ruines ⓒ Photo : Murielle Lecocq

Au XVIIIè siècle, les voyages initiatiques des jeunes nobles ou bourgeois aisés – vers les lieux des exploits chantés dans leur éducation classiqueItalieGrèce et au-delà – ont produit des carnets de voyages, illustrés et commentés, mais réservés à des cercles d’initiés.

Un carnet de voyages ⓒ Photo : Murielle Lecocq

Ainsi le Baron Antoine Joseph d’Obin, prenant la route à 30 ans, rédigea, pendant sept ans (1767-1774), son « Journal de mes Voyages », celui-ci étant exposéparmi d’autresau « TreM.a », où de nombreuses oeuvres d’un officier néerlandais en garnison dans nos contréesle Général Anton de Howen (1774-1848), nous sont présentées, témoignages d’une inestimable valeur historique, à une époque où la photographie n’existait pas.

Moulin à eau, sur la Sambre, à Namur ⓒ Photo : Murielle Lecocq

Notamment, nous découvrons l’ancien moulin à eau, aujourd’hui disparu, qui était installé sur la Sambre, à hauteur du Centre-Ville de Namur, témoignage de sa vision inédite de nos contréesqui satisfait, à la fois, aux canons du pittoresqueet au potentiel économique de l’impression lithographique.

Tel un pionnier découvreur d’un nouveau mondeson premier ouvrage rassemblait 12 esquisses et dessins gravés sur cuivre. Il fut édité à 
Namur, en 1820, peu de temps avant l’essor de la lithographie.

Château de Celles

« Château de Celles » (Jean-Baptiste Madou/1796-1877)

Le peintre anglais George Arnald(1763-1841) découvre, en 1818, la « Vallée de la Meuse », y reconnaissant un paysage qui répond à ses attentes pittoresques et romantiques. Lui-même dû rechercher les endroits pittoresques et choisir les points de vueélargissant ainsi l’inventaire si souvent reproduit créé par le Général Anton de Howen.

Ainsi, il réalisa des croquis qu’il n’a alors aucune intention de publier, les destinant à être partagés dans son cercle d’amis. Cependant, surpris par le peu de cas fait, jusqu’alors, de la « Vallée de la Meuse », par ses contemporains, il prend la décision de s’associer avec d’autres artistes pour dévoiler les sites mosans. Naît ainsi le volumineux « Picturesque Scenery on the River Meuse », reprenant 30 dessins originaux de George Arnaldtransposés en mezzotinte4 plans gravés et 28 pages de texte.

Namur et sa province acquièrent dès lors une notoriété internationale, surtout avec l’invention de la lithographie.

« Autoportrait » (Isidore-Joseph Rousseaux/1795-1833) ⓒ Photo : Murielle Lecocq

Théodore Lambert Antoine Schaepkens (1810-1883), aquarellistedessinateur, graveurlithographe et peintre belgo-néerlandais, écrivit : « La plupart des châteaux (de la « Vallée mosane »/ndlr) sont ruinés, mais leurs ruines sont majestueuses et imposantes. C’est que l’art
de ces temps (réputés barbares) s’y reflète avec toute sa grandeur, avec cette énergie virile dont le Moyen Âge porte bien le cachet. Ces tableaux, pour le paysagiste, sont des monuments qui doivent être connus et conservés dans l’intérêt de l’art et pour l’honneur du pays ; tout homme civilisé doit les respecter et prévenir cette scandaleuse manie de destruction qui en a déjà privé la Belgique d’un si grand nombre. »

« A cet effet, leur valeur, leur beauté, doivent être proclamées par les artistes et les savants ; leurs formes doivent être étudiées avec 
conscience et reproduites par le crayon de nos dessinateurs ; la publication de ces dessins est le plus sûr moyen d’y attacher l’intérêt de la classe instruite, et de le porter vers les endroits où se trouvent ces antiques manoirs, les artistes et les touristes. »

« L’église de St. Aubain, à Namur » (Isidore-Joseph Rousseaux/1826)

Lors de notre visite de pressela dynamique Commissaire de l’exposition, Aurore Carlier, attira notre attention sur ce qui devait être, en 1844, le premier guide touristique belgeédité en format de poche.

Aurore Carlier, commissaire de l’exposition ⓒ Photo : Murielle Lecocq

Cette dernière a l’intelligence d’accompagner le visiteur dans un véritable parcoursà l’image d’une excursion pittoresque, en établissant d’abord les caractéristiques du stylede la technique et du processus de production, avant de présenter les sites et les auteurs les plus remarquables. L’impression générale d’intimité est bien rendue, tant les œuvres présentées appellent une observation du détail, qui nous fait littéralement entrer dans la lithographie et en ressentir l’émotion romantique.

Elle nous montre à quel point il fallait donner au lecteur, confortablement assis dans son intérieur, l’impression d’être ce voyageur intrépidesensible aux charmes comme aux dangers de la naturevalorisant ainsi tant sa lecture
que, pour un souscripteur, sa perception de ses biens
.

Cédric Visart de Bocarmé, Jean Marc Van Espen & Julien De Vos ⓒ Photo : Murielle Lecocq

Comme l’écrit le député-président de la Province de NamurJean-Marc Van Espen : « Rappelons à chacun combien notre province est belle et mérite que nous continuions à la promouvoir, ainsi que son patrimoine . Partageons cette intimité avec tous ceux qui sauront l’apprécier. »

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Avant un atelier « un dimanche en famille », où les parents sont les bienvenus © « TreM.a »

Profitant de l’actuel congé scolairedeux ateliers « un dimanche en famille » seront organisés les 08 & 22 janvier 2023,de10h30 à 12, à l’issue d’une visite en groupe de l’exposition. Ce sera l’occasion de découvrir ce qu’est une  lithographie  et comment elle permet à l’artiste de sublimer les sites bien connus de notre région. Ensuite, ayant enfilé un tablier  d’artiste, chacun pourra développer sa créativité, en utilisant uniquement des ustensiles et produits ménagers mis à sa disposition, afin de réaliser, ce que l’équipe du musée appelle une « kitchen-litho » (lithographie de cuisine). Ne serait-ce pas là un intéressante expérience artistique ?

Prix unique (en supplément à l’entrée au muséele dimanche 22 janvier/entrée gratuite le dimanche 08 janvierpour l’activitéconseillée à partir de 10 ans : 2€50les deux dimanches (0€, pour les moins de 12 ans).

Egalement, deux ateliers « Graphi’Cartes » seront proposés :

Deux ateliers « Graphi’Cartes » © Photo : « TreM.a »

– le mercredi 11 janvier 2023, de 14h à 16h, pour les seniors, dès 60 ans. Après avoir découvert, au sein de l’exposition, la richesse des lithographies pittoresques romantiques de nos régionsparticipation à l’atelier, en utilisant divers procédés (collage de type « scrapbooking », colorisation d’une gravureestampagefrottismonotype sur plaque de gel, …) pour que chaque stagiaire réalise ses propres cartes postales, sans oublier la pochettequi permettra d’emporter le tout.

– le mercredi 25 janvier 2023, de 14h à 16h, pour les enfants de 6 à 10 ansChaque apprenti imprimeurréalisera une série decinq cartes postales suivant divers  procédéscollagecolorisation, estampagefrottis monotype, avant de repartir à la maison, avec sa propre  production. Cette folle expérience créative sera précédée par la découverte du procédé de la lithographie par l’exploration des paysages namurois présentés au sein de l’exposition.

Prix unique, pour ses deux stages 5€.

Pour ces quatre ateliers : inscriptions obligatoires : 081/77.67.54 &musee.arts.anciens@province.namur.be.

L'affiche de l'exposition "Pictoresque"

© Province de Namur

Ouverture : jusqu’au , du mardi au dimanche, de 10h à 18h. Prix d’entrée :5€ (2€50, pour les étudiants, les seniors & les membres de groupes / 1€, pour les membres d’un groupe scolaire / 0€, pour les moins de 12 ans, les « Art. 27 », les détenteurs du « Museum Pass Museum », les membres « ICOM » et, pour tous, ce dimanche 08 janvier 2023)Catalogue : « PicToresque. Un voyage lithographique et intimiste dans le Namurois«  (Ed. « Société archéologique de Namur/Collection « Namur. Histoire et Patrimoine« /différents auteurs, dont Marie-Christine ClaesMarianne MichauxElisabeth Obradovic & Lut Pilcatonné/352 p.) : 40€.Contacts 081/77.67.54Site web : www.museedesartsanciens.be.

En parallèle à l’exposition, la « Société archéologique de Namur » organise des visites sur les sites pittoresques du  Namurois, guidées par des experts des lieuxContacts :bit.ly/3ThNjjL.

Notons que du samedi 18 février jusqu’au dimanche 10 septembre 2023, un second volet de la présente exposition sera proposé par la « Maison du Patrimoine médiéval mosan« , à Bouvignes.

Stage artistique « De l’Illustration à la Reliure », du 27 février au 03 mars © Photo : Province de Namur

Soulignons que pour les enfants, de 08 à 12 ans, un stage artistique est prévu, du lundi 27 février jusqu’au vendredi 03 mars« De l’Illustration à la Reliure », durant lequel chacun composera chaque page de son carnet d’artiste, grâce à différentes techniques(cyanotypeenluminuregravure, monotype, …), en s’inspirant des collections des deux musées provinciauxle « TreM.a » (trésor d’Hugo d’Oignies {1178-1240}, peintures à l’huile d’Henri Blès {vers 1500-vers 1555.}) et le « Musée Félicien Rops » (gravures et dessins de Félicien Rops {1833-1898}). Ensuite, un atelier de reliure japonaisesera animé parAlexandre Rosmanun artisan au service du livre et du papier

Lieu : locaux pédagogiques du « Musée provincial Félicien Rops »rue de Fumal, 10Prix 60€, pour 3 jours (du lundi 27 février jusqu’au mercredi 01 mars ou du mercredi 01 au vendredi 03 mars) ou 80€, pour 5 jours (du lundi 27 février jusqu’au vendredi 03 mars). Inscriptions obligatoires : stage.musee@province.namur.be ou 081/77.54.76.

 

Yves CALBERT

 

 

 

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