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64È «WORLD PRESS PHOTO», À LA «CITÉ MIROIR», À LIÈGE, JUSQU’AU 30 JANVIER 2022

64È « WORLD PRESS PHOTO », À LA « CITÉ MIROIR », À LIÈGE, JUSQU’AU 30 JANVIER 2022

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64È « WORLD PRESS PHOTO », À LA « CITÉ MIROIR », À LIÈGE, JUSQU’AU 30 JANVIER 2022

Au coeur de Liège, la « Cité Miroir » nous propose de découvrir, prolongée jusqu’au dimanche 30 janvier 2022, l’exceptionnelle exposition du 64è « Prix World Press »74.470 photos – prises par 4.315 photographes de presseissus de 130 pays – ayant été soumises à l’avis de huit Jurysles clichés étant répartis au sein de huit sections, chaque photographie 

« Cette année, nous avons voulu sélectionner des oeuvres capables de nous interroger en profondeur, capables de regarder le passé, le présent, mais aussi, d’une certaine manière, l’avenir », écrit Nayantara Gurung Kakshapatiprésidente du Jury général.

Photo de l’Année : « The first Embrace » © Mads Nissen © « Panos Pictures » © « World Press Photo »

Parmi les photos réalisées en 2020, c’est le cliché « The first Embrace » (« La première Etreinte »),réalisé par le photographe danois Mads Nissen, pour « Panos Pictures », qui a été désigné « Photo de l’Année », par le Juryparticulièrement touché par cette image émouvante, prise à São Paulo, le 05 Août 2020, dans la maison de repos « Viva Bemnous », nous montrant Rosa Luzia Lunardi, une Brésilienne âgée de 85 ans, enlacée par une infirmière, Adriana Silva da Costa Souza, alors que cette dame âgéesuite à la crise sanitaire de la « Covid-19 »était restée sans rencontrer personne depuis plus de cinq mois.

Concernant ce clichéKevie Wy Lee, de Singapour, membre du Jury général, écrit : « J’apprécie les travaux qui ouvre les horizons et s’adressent à des publics différents, car ils permettent de multiplier les débats. Cette image symbolique de la pandémie de Covid-19 immortalise l’instant le plus etraordinaire qu’il nous soit donné de vivre. On peut y voir la la vulnérabilité, l’amour, la perte et la séparation, la disparition, mais également la survie : tout cela est contenu dans ce simple cliché. Et à bien y regarder, on y voit, aussi, des ailes, symbole d’envol et d’espoir. »

Cette image a un attribut alt vide ; le nom du fichier est timthumb.php« Covid-19 Pandemic in France » © Laurence Geai © « World Press Photo »

Exploitant le même sujet, mais en France, cette fois, la photographe française Laurence Geai nous présente sa série « Pandémie de Covid-19 »lauréate du 3è Prix Infos Générales, avec, notamment, une photo d’Yves, 75 ans, rendant visiteau travers d’une porte vitréeà son épouseJosiane, 82 ans, le 28 avril, dans une maison de retraitesise à Ormes-sous-Voulzie.

Avec cette exposition, nous revivons les autres actualités fortes de 2020, telles que le conflit israélo-palestinien ou les manifestations du « Black Lives Matter ». Plus que de simples clichés esthétiques, les 150 photos sélectionnées – impressionnantesinterpellantes – nous montrent nombre de réalités contemporaines sur les modes de vie dans le mondenotre environnement ou encore nos sociétés. Ces images nous racontent des histoires poignantes, où la vie est tantôt tragiquetantôt terrifiante mais aussi pleine d’espoir, de complicité et d’humanité.

Cette image a un attribut alt vide ; le nom du fichier est timthumb.php« Explosion à Beyrouth » © Lorenzo Tugnoli © « The Washington Post » © « World Press Photo »

Ainsi, nous voyons « Explosion à Beyrouth », une série qui permet au photographe italien Lorenzo Tugnoli de remporter le 1er Prix Actualités, nous montrant, notamment, un homme blessé sur le site du drame, le 04 août 2020, aux environs de 18h, 190 personnes étant décédées, 300.000 habitants ayant été déplacés6.000 immeubles ayant été détruits, des suite de l’explosion de 2.750 tonnes de nitrate d’ammonium.
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« Habibi » © Antonio Faccilongo © « Getty Reportage » © « World Press Photo »

Nous venant toujours d’Italie, pour « Getty Reportage »Antonio Faccilongo obtient le « 1er Prix Projets à long Terme », pour sa série « Habibi » (« Mon Amour »en arabe), nous mettant en relation avec quelques-unes des familles de 4.200 détenus palestiniens, dont beaucoup, condamnés à la prison à perpétuiténe pouvant rencontrer leurs épouses dans l’intimité, réussissent à cacher leur sperme dans des cadeaux pour leurs progénitures, qui sort ainsi de ce lieu carcéralleurs femmes pouvant, dès lors, enfanter, aidant à la survie de leur communauté, grâce à des fécondations in vitro, comme ces jumeaux, conçus en 2015, que nous découvrons, assis sur les genoux d’Amma Elian, leur maman, leur papa purgeant une peine de prison à vie, depuis 2003.

« L’approche journalistique du photographe et le caractère exceptionnel de l’histoire font de ce reportage un vrai chef-d’oeuvre. C’est le récit d’un combat humain du XXIè siècle, qui donne à entendre des voix inédites et qui peut atteindre le monde entier si nous, en tant que Jury, le relayons. C’est la découverte d’un pan inconnu de l’interminable conflit contemporain ente Israël et la Palestine« , écrit un membre irakien du Jury généralAhmed Najm.

Cette image a un attribut alt vide ; le nom du fichier est timthumb.php« Paradis Perdu » © Valery Melnikov © « Sputnik » © « World Press Photo »

Avec « Paradis Perdu », une série du photographe russe, pour « Sputnik », Valery Melnikov,lauréat du « 1er Prix Infos générales », l’un de ses clichés nous montrant Azat Gevorkian, sa femmeAnaik et leur bébé, photographiés, dans le Haut-Karrabakh, alors qu’ils doivent quitter leur maison de Lachin, le 28 novembre 2020leur habitation devant repasser sous contrôle azerbaïdjanais.

L’occasion pour la présidente népalaise du Jury généralNayantara Gurung Kakshapati, d’écrire : « C’est l’une des représentations de la guerre les plus humaines que j’aie vu depuis longtemps. Elle évoque vraiment la vie et la perte quotidiennes, avec discrétion, à l’abri des regards du monde. »

plus généralement, elle souligne : le bon journalisme visuel, un journalisme visuel éthique, est etrêmement important de nos jours – à une époque où nus assistons à une véritable avalanche de nouvelles – car il porte en lui une force probatoire

« Piégés en Grèce » © Angelos Tzortzinis © « Magnum Foundation » © « World Press Photo »

« Piégés en Grèce »« 3è Prix Projets à Long Terme », une série en noir et blanc du photographe grec Angelos Tzortzinissoutenu par la « Fondation Magnum », nous montre, le 26 avril 2016d’autres déplacés, dont des hommes en prière, sous des arbres, dans un camp de réfugiés et de migrantsà Shistoprès d’Athènes.

Selon un rapport de l’ « UNHCR » (« Haut Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés », en mars 2016, plus d’un million de réfugiés étaient arrivés en Grèceen un anen provenance d’Afghanistan, d’Irak et de Syrie. A noter qu’en 2020sur l’île de lesbosdans le camp de Moria, qui allait être incendié, quelques 20.000 réfugiés y vivaient, sa capacité étant de … 3.000 personnes.

« Les ‘Ameriguns » © Gabrielle Galimberti © « World Press Photo »

Bien inquiétante série que celle réalisée par une femme photographe italienne, pour « National Geographic »Gabrielle Galimberti« Les ‘Ameriguns »« 1er Prix Portraits », qui nous montre des familles américaines avec leur impressionant arsenal. Parmi elles, à Putnam ValleyEtat de New York, une femmeBree Michael Warner (43 ans), dont le lit est couvert de revolvers et de fusils, ou encore un pasteur américain souriantParker Fawbush (alors âgé de 33 ans), sa femmeJalyn (29 ans) et ses enfants, Parker (06 ans) et Kiercley (4 ans), photographiésen avril 2019àPosevilleen Indianaau milieu de près de 80 armes à feuposées sur le sol.

Cette image a un attribut alt vide ; le nom du fichier est timthumb.php« Niewybuch » © Natalia Kepesz © « World Press Photo »

Dans le même registre, mais réalisé en Pologne, la série « Niewybuch », réaliséeà l’occasion d’un camp militaire pour jeunesà Mrzezyno, par une femme photographe polonaiseNatalia Kepesz,lauréate du « 3è Prix Portraits ». Nous y voyons, entre autres, un garçon, Mateuszapprenant à nager avec une arme à feu.

Cette image a un attribut alt vide ; le nom du fichier est timthumb.php« Criquets pélerins en Afrique de l’Est » © Luis Tato © « The Washington Post » © « World Press Photo »

La nature n’est pas oubliée, parfois agressive, comme avec la série « Criquets pélerins en Afrique de l’Est », du photographe espagnol Luis Tato – lauréat du « 3è Prix Nature » -, qui nous permet, notamment, de voir, le 24 avril 2020Henry Lenayasachef de la colonie d’Archers Postau Kénya, tentant de faire fuir un essaim massif de criquets pélerinschaque essaim pouvant compter entre 40 et 80 millions d’individus au kilomètre carré et parcourir jusqu’à 150 kilomètres par jour.

Membre du Jury général, une photographe éthiopienneMulugeta Yene, écrit : « Il faut que le reste du monde sache ce qui se passe ici, en Afrique de l’Est. Les gens sont en train de perdre leurs récoltes et la Covid-19 ne fait qu’aggraver la situation. Nous sommes en pleine crise. »

« Docteur Peyo et Monsieur Hassen » © Jérémy Lempin © « World Press Photo »

A l’opposé l’animal sert l’homme, comme ce cheval vu le 30 novembre 2020, par le photographe français Jérémy Lempin« 2è Prix Sujets contemporains » pour son cliché « Docteur Peyo et Monsieur Hassen », nous montrant Marion (24 ans), atteinte d’un cancer métatstatique, enlaçant son fils (07 ans), en présence de Peyo, un cheval utilisé en zoothérapie, dans une Unité de Soins palliatifs du « Centre hopsitalier »à Calais.

Il serait prouvé que certains animaux seraient en mesure d’aider à gérer la douleur, ainsi que de réduire l’anxiété et le stress, d’induire des effets physiques, comme faire baisser la pression artérielleou améliorer le rythme cardiaque. Ainsi, dans les maisons de repos, également, ces liens naturels entre hommes et animaux sont utiles pour améliorer le bien-êtreapporter de la sérénité.

Cette image a un attribut alt vide ; le nom du fichier est timthumb.php« California Sea Lion Plays with Mask » © Ralph Pace © « World Press Photo »

Toujours dans la nature, mais en rapport avec la polution maritime, mettant en lumière un objet que nous aimerions tous ne plus devoir porter, mais sans, pour autant, le jeter à la mer, come on l’observait, le 19 novembre 2020à Montereyen Californie, proche d’un lion de mer, grâce à la réalisation « L’Otarie et le Masque », due au photographe américain Ralph Pace, la « Société mondiale de Protection des Animaux » estimant que, chaque année136.000 baleinesotaries et phoques meurent, étranglés par des particules de plastiquel’un des composants des masques chirurgicaux.

Sur un côté de la « Photo de l’Année »un écran de télévision nous permet de découvrir 9 courts-métrages primés  parmi les 335 films inscrits, répartis au sein de 3 catégories – du 11è « Prix Digital Storytelling », un 9è Jury – dirigé par la productrice vidéo chinoiseMuyi Xiao – ayant été désigné, à cette occasion.

A Saïgon, en 1968 © Eddie Adams (Etats-Unis) © « Associated Press » © « World Press Photo »/1978

Soulignons encore la présence d’un long panneau nous présentant toutes les « Photos de l’Année »depuis la 1ère édition du « World Press Photo », en 1954. Parmi celles-ci quelques clichés icôniques, comme celle, primée en 1978, de Nguyen Ngoc Loan, le chef de la police nationale du Sud Vietnamexécutant, le 1er février 1978, Nguyen Van Lemun combattant du Vietcong (« Front National de Libération ») ou encore, primée en 2018, la photo d’un étudiant en biologie, José Victor Salazar Balza (28 ans), qui fut greffé à 42 reprises, son corps ayant été brûlé à 70%lors d’une manifestation, le 03 mai 2017, sur la Place Altamira, à Caracas

A Caracas, en 2017 © Ronaldo Schemidt (Venezuela) © « AFP » © « World Press Photo »/2018

En proposant cette exposition d’envergure dans les anciens « Bains et Thermes de la Sauvenière », l’asbl « Territoires de la Mémoire » souhaite ouvrir des fenêtres critiques sur les réalités contemporainesdéfendant la nécessité du photojournalisme et de la liberté de la presse comme outils de citoyenneté active, de contrôle démocratique et d’indignation résistante.

A noter, que l’asbl « Territoires de la Mémoire »centre d’éducation à la résistance et à la citoyenneté, nous présente, également, au 2è étage de la « Cité Miroir », son exposition , également prolongée jusqu’au dimanche 30 janvier 2022.

Elle débute par cette question : « Résister, pour toi, ça veut dire quoi ? » Accompagnant trois de ses peintures, Charlotte De Nayer écrit : « Pour moi, résister c’est rester curieuse et attentive au monde qui nous entoure. »

Reprenant ainsi des travaux d’étudiants de différentes institutions liégeoises, comme l’ « Ecole supérieure de Arts Saint-Luc » ou la « Haute Ecole Charlemagne », cette expo nous livre, également, une citation de Mohandas Karamchandh Gandi (1869-1948) : « L’épée de la résistance passive n’a pas besoin de fourreau et nul ne peut en être dépossédé par la force », ce que doivent penser les responsables de l’asbl« Les Grignoux », exploitant, à quelques mètres de là, le Cinéma« Sauvenière« , qui, entré en résistancecontinue, illégalement, à programmer ses films, n’acceptant pas l’innaceptable décision du « CODECO » (« COmité DE COncertation »), niant la Culture, en ordonnant la fermeture de toutes les salles belges, pour une durée indéterminée, à dater du dimanche 26 décembre …

Sans tarder, découvrons donc, à la « Cité Miroir »à Liègenotre monde tel qu’il est, présenté par la« Fondation World Press Photo », ainsi que l’exposition « Echos », l’accès à cette dernière étant gratuit.

Ouverture : jusqu’au dimanche 30 janvier 2022, du lundi au vendredi, de 09h à 18h, les samedis et dimanches, de 10h à 18h (dernières entrées à 17h). Prix d’entrée : 10€ (5€, pour les moins de 26 ans, les enseignants, les personnes porteuses d’un handicap, les demandeurs d’emploi, les membres de l’asbl « Territoires de la Mémoire », du « Vif » et de la « Fondation Cité Miroir »). Catalogue (Ed. « Skira »/cartonné/240 p.) : 27€ 50Obligation sanitaire : port du masque buccal obligatoire(« CST » non réclamé). Réservations souhaitées : 04/230.70.50Sites web :http://www.citemiroir.be & http://www.worldpressphoto.org.

A noter que pour compléter votre journée à Liège, vous pouvez visiter deux autres expositions :

  • « Napoléon-Au delà du Mythe », dans l’espace muséal de la gare ferroviaire des« Guillemins »jusqu’au dimanche 09 janvier (sites web : http://www.europaexpo.be) ;
  • « Inside Magritte », au musée de « La Boverie », dans le Parc éponymejusqu’au dimanche 06 mars (site web :  http://www.laboverie.com).

Yves Calbert.

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