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« EUROPALIA GEORGIA » : « L’AVANT-GARDE EN GÉORGIE 1900-1936 », À « BOZAR », JUSQU’AU 14 JANVIER

"EUROPALIA GEORGIA" : "L'AVANT-GARDE EN GÉORGIE 1900-1936", À "BOZAR", JUSQU'AU 14 JANVIER

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« EUROPALIA GEORGIA » : « L’AVANT-GARDE EN GÉORGIE 1900-1936 », À « BOZAR », JUSQU’AU 14 JANVIER

« Sketch for Malshtrem » (Kiril Zdanevich/1924) © « Georgian State Museum »

Au lendemain d’une ouverture officiellehonorée par la présence de la Reine Mathilde et du Roi Philippe, le jeudi 05 octobres’ouvraitau public, la  première exposition d’ « Europalia Georgia », « L’Avant-Garde en Géorgie 1900-1936 »nous attendant jusqu’au dimanche 14 janvier 2024, à  Bruxellesau « Palais des Beaux-Arts » (« Bozar »).

Dirk Vermaelen, le Roi Philippe & la Reine Mathilde © « Europalia Georgia »

C’est en 1918, à la suite de la chute de l’Empire russe et de la révolution d’Octobre, dans un contexte mondial tourmenté, que la Géorgie proclama son  indépendance, cette parenthèse enchantée s’achevant en 1921, avec l’invasion soviétique. Néanmoins, en trois trop courtes annéesune foisonnante et inspirante création d’avant-garde s’était déployée.

« L’Avant-Garde en Géorgie » © « Europalia Georgia »

« Il était très important pour l’avant-garde géorgienne non seulement d’étudier l’art et de construire des institutions pour faire des recherches sur l’art, mais aussi de l’utiliser comme méthode dans leurs pratiques très avant-gardistes. C’est ce qui rend l’avant-garde géorgienne très exceptionnelle, avec ce lien entre le passé, le futur et les traditions », explique Irine Jorjadzel’une des commissaires de l’exposition.

« L’Avant-Garde en Géorgie » © « Europalia Georgia »

Voici donc une intéressante mise en lumière d’un courant artistique peu connu350 affichesdessinsdocumentsextraits de films, maquettes de décors de théâtreobjets diverspeinturesphotographies, … nous étant présentés dans les salles de « Bozar », sachant que nombre d’artistes, dont nous découvrons les  oeuvres, furent déportéspersécutés, voire exécutés, certains ayant vu leur nationalité géorgienne changée en russepar le pouvoir soviétique.

« Le souvenir est une interrogation sur le passé et une réflexion sur l’avenir … Comment gérer un certain passé ? Comment gérer le régime soviétique qui a encore un impact aujourd’hui. Il s’agit également des conflits du passé et de ceux qui se déroulent encore aujourd’hui en Géorgie, comme en Ossétie du Sud et en Abkhazie, en n’oubliant pas, bien sûr, la guerre en Ukrainecelle-ci ayant un impact en Géorgie« , nous confia, le mercredi 04 octobreDirk  Vermaelendirecteur artistique d’ « Europalia ».

« L’Avant-Garde en Géorgie » © « Europalia Georgia »

Ce dernier et Eva Bialakcoordinatrice des expositions d’ « Europalia Georgia », à l’occasion de leur premier voyage d’études en Géorgie, en 2019, avant la  Covid, découvrirent le travail d’un artiste qui leur était inconnu, David Kakabadze (1889-1952), érudit, graphiste, peintre géorgien d’Avant-Garde, pionnier en photographie et cinématographie, qui réalisa des décors pour l’ « Opéra »à Tbilissi, et pour le cinémaayant enseigné à l’ « Académie des Beaux-Arts » de la capitale, avant de devoir s’adapter au dogme du réalisme soviétiqueCette découverte et celles d’autre oeuvres d’artistes géorgiens furent à la base de la présente exposition.

« L’Avant-Garde en Géorgie » © « Europalia Georgia » © Photo : Fabien Sebo

Au sein de l’une des sallesconsacrée à Niko Pirosmani (Nikolos Pirosmanachvili /1862-1918), une peinture de grandes dimensions attire notre attention, célébrant l’un des piliers de la culture sociale géorgiennele « supra » (« nappe », en français), un banquet traditionnel, agrémenté de mets et de vins  géorgiens, sachant que les premières traces de viticulture et de vinificationen Géorgie, datent d’il y a 8.000 ans, des découvertes archéologiques  amenant les historiens à considérer ce pays comme étant le berceau mondial de la vigne domestiquée et du vin.

Tableau de Niko Pirosmani © « Europalia Georgia »

Notons que Niko Pirosmani, contrairement à nombre de ses collègues artistes, fut mis en valeur sous l’ère soviétiqueEva Bialak nous confiant : « Son travail arrangeait bien les Russes de l’époque, vu qu’il ne développait aucune idée intellectuelle, mais représentait des scènes de la vie quotidienne. Il y avait quelque chose de brut, de ‘bon sauvage’ chez luiRien d’inquiétant. »

Visage à droite censuré © « Europalia Georgia » © Ph. : Fabien Sebo

A l’opposé, un certain nombre d’oeuvres ont été détruites ou partiellement censurées, un visage pouvant ainsi disparaître, comme nous pouvons le découvrir dans la dernière salle.

Evoquons encore Gigo Gabashvili (1862-1936), dont les peintures symbolistesdécouvertes après l’ère soviétique, en font, selon Eva Bialak« l’un des représentants les plus précoces et majeurs de ce courant artistique en Géorgie. »

Tableau de Gigo Gabashvili © « Europalia Georgia »

Ainsi, dans une atmosphère érotique et spirituelle, empreinte de mythologie et philosophie fin de siècle, nous découvrons des démons de la mélancoliedes  êtres androgynes songeursdes anges virevoltants, …

Affiches de l’Avant-Garde C « Europalia Georgia » © « Europalia Georgia » © Photo : Fabien Sebo

Pour la plupart des oeuvres exposées, il s’agit de leur première présentation à l’extérieur de la Géorgie. C’est notamment au sein des nombreuses tavernes  et  cafés à Kutaïssi et à Tbilissi, que les artistes géorgiens se rencontraient, se regroupaient, et y organisaient des événements multidisciplinaires, donnant corps à de nouvelles pratiques artistiques.

« L’Avant-Garde en Géorgie » © « Europalia Georgia »

Dès le début du XXè siècle, la circulation des personnes et des idées s’intensifie au sein d’une société géorgienne de plus en plus cosmopoliteLe  symbolisme s’y exprime littérairement au sein de l’œuvre de Grigol Robakidze (1880-1962) et du « Groupe des Cornes bleues » (dissous en 1931). Les œuvres des peintres Gigo Gabashvili (1862-1936) et Alexander von Salzmann (1874-1934) nourrissent les premières recherches d’Avant-Gardes. Les influences sont multiples et les échanges avec les autres centres de création internationaux sont nombreux, notamment avec ParisMunich et Saint-Pétersbourg.

« L’Avant-Garde en Géorgie » © « Europalia Georgia »

Laboratoire artistique du CaucaseTbilissi sera aussi un lieu de repli pour les artistes russes fuyant la guerre civile, comme pour Lado Goudiashvili (1896-1980), Aleksei Kroutchonykh (1886-1968), Sergeï Soudeïkine (1882-1942), Igor Terentiev.(1892-1937).  Dès la fin des années 1910, les artistes géorgiens sont aussi présents à Parisautre centre majeur des mouvements d’Avant-Garde, Elene Akhvlediani (1901-1975), Lado Goudiashvili, David Kakabadze, Ilia (1894-1975) et Kirile (1892-1969) Zdanevich y côtoièrent les artistes internationaux de l’époque et y découvrirent les Cercles d’Avant-Garde de l’Ouest.

Peinture et maquette de Désors de Théâtre © « Europalia Georgia »

Les nombreuses collaborations prirent de multiples formes et mélangèrent traditions géorgiennes et influences de l’Orient et de l’OccidentDes mouvements artistiques aussi divers que le cubismele cubo-futurisme, le dadaïsme, l’expressionnisme, le futurisme, le (néo-)symbolismele toutisme et le  zaoum y cohabitèrent dans une effervescence créatrice inédite.

Ouverture : jusqu’au dimanche 14 janvier, du mardi au dimanche de 10h à 18h. Contacts : 02/507.82.00Prix d’entrée : 16€ (8€, pour les moins de 30 ans / 0€, pour les moins de 12 ans et les détenteurs du « museumPASSmusées »). Catalogue : Ed. « Hannibal Books »Site web : https://europalia.eu/fr.

Affiche de son Installation © Meggy Rustamova Adeishvili © « Europalia Georgia »

Egalement à « Bozar »jusqu’au dimanche 14 janvier 2024, nous pourrons découvrir une installation cinématographique – « Deda Ena » – de la cinéaste géorgienne Meggy Rustamova Adeishvili (°Tbilisi/1985), qui explore les relations qui s’enchevêtrent entre souvenirs et événements individuels ou collectifs, évoquant, notamment les déportations forcées de minorités ethniquesqui se sont produites sous le régime soviétiquedont celle des Assyriensqui s’étaient installés en Géorgie.

Trois des films de cette même réalisatrice – « (Dis)Location »« My Assyrian Mother » & « Babel » – seront projetés, du jeudi 09 jusqu’au samedi 11 novembre, à « De Singel »à Antwerpen.

Disque en or

« Géorgie : une Histoire de Rencontres » © « Europalia Georgia »

Dans le cadre d’ « Europalia Georgia », ne manquons pas de visiter – jusqu’au dimanche 18 févrierau « Musée Art & Histoire »au  « Cinquantenaire »  – l’exposition « Géorgie : une Histoire de Rencontres ». En ce même musée, grâce à une seconde exposition, « Andro Wekua – Un Etranger au Paradis », l’art contemporain est également évoqué, avec l’artiste géorgien Andro Wekua (°Sochumi/1977).

 » Stranger in Paradise » © Andro Wekua/2019 © « Europalia Georgia »

Andro Wekua s’est formé à l’ « École d’Art international », à Soukhoumi, dès 1991, à l’ « Institut Gogebashivili », dès Tbislissi, dès 1994, et à l’ « Ecole d’Arts visuels », à Bâle, dès 1999. Plusieurs expositions solo lui ont été consacrées dans des institutions prestigieuses tels que le « Camden Arts Center », à  Londresle « Centre national d’Art contemporain Le Musée », à Grenoble, le « Castello di Rivoli », à Turin, le « Frans Halen Museum », à Haarlem, le « Garage Museum of Contemporary Art »à Moscoule « Kölnischer Kunstverein », à Cologne, les « Kunsthalle »à Zürich & à Viennele   « Musée enaki », à Athènes, le « Museum Boijmans van Beuningen »à Rotterdamle « Tank »à Shangaile « Wiels »à Bruxelles 

Soie

« Soie აბრეშუმი », aux « Drapiers », à Liège © « Europalia Georgia »

Autres expositions d’ « Europalia Georgia » :

** « Andro Eradze », jusqu’au dimanche 31 décembreau « Wiels »à Forest.

** « Elene Chantladze & Nata Jamberidze/Keti Totoraia »jusqu’au dimanche 07 janvier 2024, au « M HKA », à Antwerpen.

** Karlo Kacharava (1964-1994), du 02 décembre 2023 jusqu’au dimanche14 avril 2024au « S.M.A.K »à Gent.

** « Soie აბრეშუმი », de Jean Luc Petit, Tamuna Chabashvil & du « Musée de la Soie » de Tbilisijusqu’au samedi 16 décembreaux  « Drapiers »  , à Liège.

** « Thea Djordjadze, the Ceiling of a Courtyard », jusqu’au dimanche 07 janvier 2024au « Wiels »à Forest.

Toujours dans le cadre d’ « Europalia Georgia »de nombreux spectacles nous seront, également, proposés, tant en Belgique qu’en France, à Orléans et à Valenciennes, et aux Pays-Bas, à Den Haag.

Parmi ceux-ci notons les prestations de l’ « Ensemble Basiani », déjà présent, lors de la Soirée d’Ouvertureà « Bozar », que nous retrouverons à la « Salle Philharmonique »à Liège, le vendredi 17 novembre, et dans la salle du « Namur Concert Hall »au « Grand Manège »à Namur, le jeudi 16 novembre.

En novembre, à Liège et à Namur © « Ensemble Basiani » © « Europalia Georgia »

Originaire de Tbilisi, fondé en 2000, cet ensemble de15 hommes, aux voix splendides, s’accompagnant, eux-mêmes, aux sons de leurs instruments traditionnelsest l’un des choeurs géorgiens les plus renommés, son répertoire s’étendant du VIIè au XIIIè siècle.

Ce groupe étant le gardien du riche et très ancien patrimoine de chansons folkloriques des bergersde chants monastiquesd’hymnes religieux et de  balades épiques de Géorgie, soulignons que le chant polyphonique géorgien – plus ancienne tradition chorale polyphonique au monde – figure, depuis 2008, sur la liste du « Patrimoine culturel immatériel de l’ UNESCO ».

Programme complet sur le site web : https://europalia.eu/.

Yves Calbert.

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